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I love syphilis more than you
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I love syphilis more than you
5 mai 2009

"Beau-Père", Bertrand Blier

Rémi, compositeur, perd sa compagne dans un stupide accident de voiture. Son seul réconfort, il le trouve avec Marion, sa belle-fille âgée de quatorze ans.

On se dit "je mets le film deux minutes pour voir si le DVD est bien gravé" et on est piégé pendant deux heures. C'est mathématique. Impossible de résister au monologue d'ouverture d'un Dewaere plus captivant et paumé que jamais, pauvre type derrière son piano, à jouer sa musique médiocre devant des gens qui s'en foutent.

Dans la vie, Rémi n'est pas un héros. C'est lui qui le dit. Il veut réussir mais il échoue, il promet mais, dès le premier obstacle, il se dérobe. Il croit parfois savoir ce qu'il veut, et puis non.
Alors quand Martine, sa compagne fuyante, meurt après que sa voiture ait été bêtement heurtée par un camion, il ne sait plus franchement où il habite. Les repères s'estompent, les contours jusque là pas trop mal tracés de sa vie deviennent flous.

Marion, elle, n'a peut-être que quatorze ans, mais elle sait ce qu'elle veut. Vivre avec Rémi, d'abord, et pas avec son père alcoolique, touchant mais maladroit (Maurice Ronet, relativement impressionnant). Puis, rapidement, elle veut plus. Et elle le dit : elle veut faire l'amour avec Rémi. Rémi son beau-père, donc. Rémi qui s'indigne, se trouble, se défend avant de finir par céder, et qu'elle attend avec une résignation entrecoupée de causticité.

Ils se cherchent, ils s'effleurent, ils s'abandonnent, ils s'interrogent avec cette verve littéraire qui imprègne le film et avec laquelle, pour peu qu'on y adhère, on se laisse emporter jusqu'à se retrouver aussi paumés qu'eux et à se rendre compte que, peut-être, on l'était dès le départ.
L'ambiance feutrée du film attrape pour ne pas lâcher. Même pour les yeux profanes dont je suis, la composition des plans, gracieuse et précise, frappe d'emblée. La musique, elle, languide, s'impose rapidement comme le troisième personnage du film.

Dewaere est magistral. Que dire de plus ? On peut difficilement imaginer plus casse-gueule pour un comédien que les multiples monologues face caméra qui émaillent le film. Lui s'en sort plus qu'honorablement : il nous scotche à l'écran.

Encore, encore, encore.

5/5

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